Extrême gauche : la chute finale ?

par | 1 avril 2007 | Extrêmes gauches

Ce texte a été publié dans le Journal du dimanche du 1er avril 2007, en une version « rewritée » sans mon accord par le secrétariat de rédaction. Ceci est la version originale.

On croit rêver.

Alors même que sonne encore dans les mémoires le coup de tonnerre du 21 avril 2002, qui vit Jean-Marie Le Pen atteindre le second tour des présidentielles, la gauche radicale présente en 2007 le visage d’une absolue dispersion.

Ce désordre est d’autant plus troublant que la performance de Le Pen en 2002 était largement due à l’époque à la maigre mobilisation autour de Lionel Jospin.

La gauche souffre-t’elle d’amnésie ?

Cinq candidats se réclament aujourd’hui d’une différence « antilibérale » ou anticapitaliste : trois trotskistes (Arlette Laguillier, Olivier Besancenot et Gérard Schivardi), une communiste (Marie-Georges Buffet), et un candidat « de rassemblement » qui semble essentiellement soutenu par une fraction du PCF (José Bové). La cacophonie atteint une manière de sommet.

La stratégie des leaders d’extrême gauche est certes à deux temps. Il s’agit d’abord de profiter de la présidentielle comme d’un haut-parleur, d’un amplificateur. Aucun des candidats « anti-système » ne se voit réaliser une performance électorale. On brandit son drapeau. Service minimum.

L’horizon, ce sont les législatives . Les organisations de gauche radicale et d’extrême gauche savent pertinemment que leur enracinement local et régional peut leur permettre de réaliser des scores. C’est là qu’elle espèrent peser. Les complexes négociations actuelles entre les différents mouvements s’expliquent largement par l’enjeu des législatives.

Plus profondément, on assiste depuis quelques années, et de manière radicale depuis la victoire du « non » au referendum sur la constitution européenne d’avril 2005 à un séisme en profondeur. Le Parti communiste français traverse une des crises les plus graves de son histoire. La candidat José Bové est notamment soutenu par des pans entiers du PCF, qui officialisent par là même leur rébellion à l’égard de la direction. Peut-on imaginer que la sédition ne laissera pas de traces ? Que se passera-t’il lors des législatives ?

Par-delà les échéances électorales, c’est l’avenir du Parti communiste qui doit être questionné. Cette organisation court le risque de l’implosion. La France va-t-elle se calquer sur le modèle italien, qui voit cohabiter sur les cendres du PCI un parti plutôt social-démocrate (L’Olivier), une formation « rénovatrice » (Refondation communiste) et un petit groupe arrimé à l’invariance (le PCDI) ? Le PCF va-t-il accomplir sur le tard une douloureuse mue ?

La prolifération des candidatures à gauche de la gauche constitue en tout cas un flagrant symptôme de langueur.

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